Mai 1968 et le Mai rampant italien
Deuxième partie : l’Italie : Dix années de subversion (1968-1977)

IV. Une extension du domaine de la lutte : Le mouvement des autoréductions

 

C’était bien autre chose, l’action convulsive dont tu me parlais et qui contenait, d’après ce que tu disais, une part du monde futur […]. C’était une façon de se battre. On ne demandait pas d’être d’accord avec un projet, mais de s’engager dans les luttes. Il y eut des maisons vides qu’on occupa, des loyers qu’on ne paya plus, des quittances d’électricité brûlées dans la rue. On entravait les mesures de rétorsion, coupures de courant, expulsions. On avait cessé de payer les additions, on arrivait à exiger. Quand le temps de lutte finissait, avec plus ou moins de succès, on recommençait d’un autre côté […].

Nous n’étions pas convenables, notre technique était le choc, technique éprouvante pour n’obtenir que peu de choses, parfois rien. Pourtant cela donnait du poids. Il y a un moment de sa vie où un homme veut poser sur le sol une plante de pied large, un pas qui ne soit point léger, non pas pour l’écraser, mais pour le charger de tout son corps. Dans ces années-là, personne ne voulait être léger. Il était urgent d’avoir une gravité différente ; elle modifia la démarche de beaucoup. Quand elle prit fin, chacun l’effaça en enfilant des chaussures de gymnastique. Durant ces années de chocs, personne ne souhaitait être plus grand, plus maigre, pas plus sain : elles riaient volontiers, les bouches édentées.

Erri De Luca, Acide, Arc-en-ciel, Payot et Rivage, 1996.

 

Une tradition ancienne

C’est en 1974-75 que les autoréductions apparaissent comme nouvelle pratique de lutte sur les questions de téléphone, de gaz et d’électricité. Dans tout le nord de l’Italie et à Rome, des dizaines de milliers de prolétaires refusent de payer tout ou partie de leurs factures. La lutte s’étend aux lieux de loisirs et particulièrement aux cinémas. De ces luttes-rencontres vont naître les Cercles de jeunes prolétaires. Certains exemples, comme celui de Mestre683, ville ouvrière à côté de Venise, montrent que ces luttes étaient souvent prétexte une remise en cause plus globale du pouvoir, de tout pouvoir, plutôt qu’appropriation et satisfaction des nouveaux besoins, comme le pensait LC.

À l’origine le mouvement des autoréductions est lié à la nécessité d’élargir la lutte jusque-là centrée sur l’usine, d’autant que cette dernière rencontre des limites. Mais si cela indique une perte de centralité des luttes sur le travail, comme nous l’avons fait remarquer plusieurs fois, il n’y a pas de séparation entre les deux types de lutte et par exemple, les conseils d’usine ont servi directement au rassemblement des quittances d’électricité. Les autoréductions ne se sont d’ailleurs pas faites par génération spontanée. Elles ont pour point de départ des comités de quartier qui ont éclos dès 1968 avec le mouvement d’occupation des maisons à Rome. Le 21 mai, la police anti-émeute intervient et les heurts durent trois heures. Ce sera un combat continu avec les forces de répression. C’est en effet la question du logement qui a permis une socialisation des luttes. Le mouvement commence à Turin par l’occupation des appartements et un an plus tard c’est au tour de Milan de prendre le relais. Toutefois, c’est à Rome que le mouvement va atteindre sa plus grande ampleur.

Le mouvement est ancien puisqu’on a déjà eu des luttes analogues à la Libération. Ainsi, une loi fasciste restée en vigueur interdisait aux immigrés l’accès à la ville historique. Pendant la période de reconstruction, le PCI va appuyer des luttes pour le logement des plus démunis, à partir d’une stratégie qui parie électoralement sur les habitants en situation précaire, dans une région peu industrielle où il ne peut s’appuyer sur la classe ouvrière. Il va constituer une ceinture rouge autour de Rome qui lui est acquise électoralement. Elle est peuplée de petits artisans, travailleurs du bâtiment, chômeurs. Mais l’échec de la grève générale de 1947, puis de l’insurrection à la suite de l’attentat manqué contre Togliatti, fait perdre de son influence au PCI. Celui-ci va passer d’une ligne de lutte de masse à une ligne parlementaire de lutte contre la rente foncière et la spéculation, qui sont à l’origine de l’urbanisation sauvage de la périphérie romaine.

La question du logement

En 1969, un nouveau cycle de lutte urbaine commence dans une situation catastrophique où 70 000 prolétaires relégués dans des zones délimitées ont en face d’eux 40 000 logements vides. Les luttes qui naissent alors mettent au premier plan d’autres prolétaires que ceux qui sont en pointe sur les lieux de production. Ces luttes marquent la volonté, non pas d’occuper les maisons, mais de s’en emparer, dans la mesure où une grande partie des logements appartient à l’État mais sont inoccupés.

À Celio, se constitue un Comité d’agitation de banlieue (CAB) regroupant des représentants de différentes assemblées. Une revendication de réquisition des logements est avancée par le Comité d’agitation des banlieues qui s’appuie sur une loi applicable en cas d’existence de bidonvilles. Le PCI est de plus en plus tenu à l’écart de la lutte, y compris au cours de la grande manifestation du 19 novembre qui se termine dans l’affrontement, car le PCI y défend une ligne méridionaliste complètement dépassée.

L’État choisit la répression et le CAB doit faire face à une grosse pression qui l’amène à des occupations sauvages et à un campement de fortune au Capitole. Mais l’auto-organisation de la lutte connaît ses limites quand la municipalité négocie en sous-main, avec le PCI, des accords restreints, mais non négligeables. En fait, les autoréductions ne sont pas un moteur des luttes ; elles ont besoin de l’appui d’un mouvement étudiant qui est en train de décliner et d’un appui des ouvriers d’usine qui demeure insuffisant.

Les autoréductions reprennent un an plus tard, surtout à Milan et sous l’initiative de PotOp, mais le mouvement y rencontre les mêmes difficultés. Elles permettent certes une socialisation de la lutte et une réappropriation du « salaire réel » (en langage opéraïste), mais elles ne perdurent pas suffisamment pour offrir une véritable extension de la lutte ouvrière au niveau social. Il faudra attendre janvier 1974 pour qu’un nouveau cycle de lutte démarre dans les quartiers, mais les occupations subissent immédiatement une terrible répression de la part des carabiniers, alors que les prises de position dilatoires du PCI, condamnent les occupations au nom du nécessaire respect des listes d’attente pour l’attribution de logements.

La lutte s’étend aux immeubles privés, surtout à Rome, où elle s’attaque à la spéculation immobilière. Les événements de San Basilio de septembre 1974 marquent un temps fort de ce type de lutte. Il faut dire que ce quartier de Rome regroupe une population ouvrière avec une forte tendance antifasciste et une grande méfiance vis-à-vis de la police. En 1973, sa population a soutenu la révolte de la prison de Rebibbia sise dans le quartier.

Après les scènes habituelles d’occupation et de répression, un affrontement très violent a lieu le dimanche 8 septembre et un membre du comité ouvrier de Tivoli est tué par balle. Tout San Basilio est dans la rue et ce sont les policiers qui à leur tour font l’objet de tirs nourris. Huit blessés graves, dont un commissaire, sont relevés. L’État lâche du lest et de nombreux accords sont conclus au grand dam des réformistes qui dénoncent ces luttes comme étant une forme de « guerre des pauvres », l’œuvre de desperados, des luttes qui n’ont rien à voir avec les traditions démocratiques du mouvement ouvrier.

 Les différences de conception entre mouvement autonome et forces de gauche apparaissent à Naples où, au printemps 1975, le mouvement des occupations demande à ce que les loyers ne dépassent pas 10 % du salaire alors que le PCI demande seulement une aide pour les familles. À un autre niveau, à l’automne 1975, des groupes de jeunes prolétaires de Milan occupent des usines désaffectées pour y mener des activités politiques et continuer la lutte.

La question des transports

En août 1974, la lutte sur le logement est relayée par la lutte sur les transports, après de fortes augmentations dans les bus de Turin. Des délégués de bus sont élus. Un mouvement de désobéissance civile se développe avec blocage des bus et imposition des voyages gratuits. Là aussi, on assiste à une différence de conception de la lutte entre le mouvement autonome des autoréductions et le mouvement ouvrier qui, par l’intermédiaire du syndicat des traminots, soutient la grève en proposant des abonnements auto-réduits. Il faut dire que les luttes sur les transports sont très anciennes684, menées par des dizaines de milliers de pendolari685.

À l’automne 1974, des comités de pendolari se forment en réponse à des suppressions de trains pendant la période d’été. Là encore, les formes de lutte autonomes visant à des victoires concrètes et immédiates, comme la multiplication du nombre de trains aux heures d’affluence, la priorité donnée aux trains de travailleurs itinérants plutôt qu’aux trains de marchandises, a trouvé l’opposition du PCI qui y voit un comportement corporatiste et se pose en gestionnaire de ce qui serait « un bon chemin de fer ». La différence entre pratique autonome du mouvement et stratégie traditionnelle du mouvement ouvrier culmine avec la grève sauvage de septembre 1974 d’une entreprise de transport de Milan (l’atm). Cette grève, à l’initiative d’un CUB686 proche d’Avanguardia operaia, osa demander une baisse des titres de transport et non pas de s’occuper de ses petits intérêts. C’en est trop pour la CGIL qui a pourtant l’habitude de reprocher aux travailleurs en lutte leur corporatisme, mais là, elle leur reproche plutôt une grève politique qui les fait quitter leur position de bons travailleurs soucieux de la bonne gestion et de la rentabilité de leur entreprise. Les bonnes vieilles pratiques syndicales vont alors reprendre avec extension fictive de la lutte sur un terrain plus général (une grève tournante d’une semaine sur un sujet mal défini) qui aboutit à un accord de retour à l’ancien tarif.

La lutte contre la vie chère

Pendant ce temps, chose difficilement imaginable en Italie, les pâtes ont disparu des magasins ! C’est qu’en l’attente d’une augmentation gouvernementale prévisible, les commerçants stockent pour ne pas avoir à vendre à bas prix et cela entraîne des débuts d’émeutes de la faim, comme dans les grandes capitales des pays pauvres… mais à Naples ! L’inflation est à 18 % et la fixation des prix des produits de base apparaît politique, là aussi comme dans les pays pauvres où les producteurs sont subventionnés afin de garantir les prix des produits de première nécessité au niveau le plus bas. À Venise et Mestre, des comités de ménagères vont commencer à imposer des baisses de prix dans les magasins chers et un contrôle sur les prix des grands magasins. Mais à Milan et dans d’autres grandes villes italiennes, le tissu urbain est trop capitalisé pour que des réseaux de ménagères puissent se former et c’est à partir des usines que les luttes vont démarrer.

À Alfa Romeo et dans les petites entreprises autour, rendez-vous est fixé pour investir le quartier populaire de Quarto Oggiaro où près de 50 % des habitants font la grève des loyers. Et la valse des caddies a commencé. Au jour dit, les maoïstes du pcmli organisent une appropriation au supermarché SMA, mais onze personnes sont arrêtées dont deux ouvriers membres d’un conseil d’usine. Leur procès va donner lieu à une défense politique des accusés qui vont ainsi recevoir un fort soutien extérieur687. Leur position n’est pourtant pas évidente puisqu’ils se trouvent pris entre deux feux, d’un côté, la position officielle du PCI qui proclame dans l’Unità que les accusés ne sont qu’une toute petite minorité condamnée par l’ensemble de la classe ouvrière, et de l’autre, la position de L’État, en direction de l’opinion publique, selon laquelle un vol, légitime ou non, reste un vol aux yeux de la loi (nous laissons de côté ici, la position très isolée d’un groupe comme Comontismo, pour qui il n’y a pas criminalisation de la lutte par l’État et le capital, mais bel et bien et avec raison, lutte criminelle contre le capital).

Il est en tout cas évident que ces luttes de réappropriation de marchandises (la spesa politica688) présentaient de forts risques de flambées d’illégalisme et de violence et que ce sont les jeunes prolétaires lumpenisés qui étaient les plus à même de s’y adonner, mais sans qu’il puisse se dégager de perspective à partir de cette base.

Il n’en est pas de même avec le mouvement d’autoréduction qui va toucher l’électricité et où vont s’opposer ceux qui veulent les limiter à ce secteur et à partir d’une base organisationnelle d’usine689, pour obtenir des baisses de tarifs (syndicalistes, Manifesto puis PDUP) et ceux qui veulent les étendre à tous les secteurs de la vie quotidienne et par l’auto-organisation dans les quartiers et dans l’usine (LC). À l’automne, le mouvement s’accélère à Turin et à Porto Marghera, l’assemblée autonome des ouvriers réussit à créer un comité pour l’autoréduction, malgré l’opposition du PCI690. Des comités de lutte contre la vie chère s’organisent dans toute la région pétrochimique avec l’appui des syndicats de la chimie, ce qui indique que le mouvement traverse différemment les divers pôles syndicaux et que les oppositions entre mouvement autonome et mouvement ouvrier syndical s’exacerbent.

La lutte touche aussi le Sud et particulièrement Naples où l’enjeu central est l’unité entre travailleurs et chômeurs alors que la CGIL utilise la division pour imposer sa politique d’industrialisation du Mezzogiorno691. Sauf à Turin et Mestre (P-M), la gauche syndicale a été débordée partout par l’éclosion de comités autonomes. Devant l’ampleur du mouvement, les négociations commencent à la fin de l’année. L’accord n’est pas accepté partout et la lutte continue surtout au niveau des comités autonomes et en Vénétie, mais les positions sont diverses. Alors que le PCI se félicite de l’accord, le PDUP et le Manifesto l’acceptent de fait, LC et Avanguardia proletaria tiennent une position plus offensive en théorie, mais nuancée en pratique, car elle est conditionnée par celle des autres : oui à la continuation de la lutte, même si les syndicats y participent.

Il faut signaler enfin le mouvement des autoréductions sur les téléphones qui sera relativement bref, mais très violent. À Milan, en avril 1975, attaque d’un central téléphonique en grève avec destruction des enregistreurs. L’État en profite pour faire voter la loi Reale qui permet à tout membre des forces de l’ordre de tirer pour défendre un bâtiment public. Quant à la compagnie des téléphones, elle répond en coupant les lignes de ceux qui auto-réduisent ou ne paient plus. En guise de représailles, une explosion détruit le central qui relie tous les ministères de Rome et à Gênes, c’est 15 000 lignes qui sont coupées le lendemain. Petite victoire : la justice va ordonner à la compagnie des téléphones le rétablissement des lignes coupées, la mesure de coupure étant jugée contraire à la loi.

Pour conclure sur le mouvement des autoréductions, on peut dire que ce mouvement de « désobéisseurs » est aux antipodes des comportements citoyens d’aujourd’hui. Aujourd’hui, à l’attaque sur les salaires, la réponse semble être de travailler plus, alors que dans les années soixante-dix ce fut celle de la réappropriation et de travailler moins. Visiblement, nous ne sommes plus dans le même cycle de lutte ni avec les mêmes protagonistes. Adieu au prolétariat ?

Parallèlement, la lutte continue dans les usines, mais sous forme défensive, contre les licenciements et les fermetures d’usine.

La plus dure de ces luttes se déroule à l’usine Innocenti-Leyland de Milan (juin 1975). Les conflits s’y multiplient entre les ouvriers d’une part, les syndicats et la direction d’autre part. C’est finalement l’État qui intervient pour reporter la fermeture et effectuer une mise en Cassa integrazione pendant la durée de la restructuration de l’entreprise. Une jambisation a lieu, effectuée par les BR, contre un directeur du personnel qui avait ouvert les portes de l’usine à la police pour lui permettre de charger les ouvriers. En janvier 76, les ouvriers occupent la gare du quartier de Lambrate et bloquent l’autoroute Tangenziale. À Bergame, toujours en juin, suite à une attaque de la police contre une opération de sensibilisation à la lutte contre les licenciements dans cinq usines occupées, des ouvriers de toute la région convergent vers le centre-ville où de violents affrontements durent sept heures. Du 29 août au 5 septembre, c’est la « semaine rouge » d’Alfa Romeo à Milan et Naples pour s’opposer à la mise en cassa integrazione de 15 000 ouvriers et à une restructuration forcée qui prévoit l’augmentation des cadences et la réduction de la main-d’œuvre employée. Le 9 septembre, quatre salariés de Magneti-Marelli-Milan sont licenciés dans une usine qui deviendra une place forte du groupe de lutte armée Prima Linea, à tel point que le PCI fera dissoudre sa section syndicale d’entreprise ! Tous les matins un cortège de l’Alfa Romeo va les chercher pour les faire entrer dans la Magneti.

À partir de 1976, la situation change avec la signature des nouveaux contrats. Les syndicats ont cette fois choisi clairement leur camp. Ils se sont engagés à combattre l’absentéisme, avec, pour compensation, un contrôle sur les projets d’investissement. La CGIL métallo par la voix de Bruno Trentin indiquait, le 22 mars 1976, que son organisation lutterait « contre les formes d’absentéisme chronique pendant l’activité productrice et les grèves692 », ce à quoi Giovanni Agnelli (président du patronat italien), troppo gentile, répondait : « Le comportement du syndicat est responsable et civil, surtout en raison du fait qu’il a, pour la première fois accepté, de s’occuper de l’absentéisme et des négociations permanentes au niveau de chaque entreprise ». Dans les ateliers de Fiat la chanson est toute autre. Des manifestations motorisées en fenwick contre la maîtrise, les ouvriers sont passés au sabotage et à l’incendie de plusieurs ateliers, malgré des piquets syndicaux de surveillance. Mais ce sont les dernières salves de l’offensive ouvrière. Nous sommes déjà loin de la semaine rouge de Mirafiori du printemps 1973 et encore plus loin des barricades du corso Traiano en 1969. Si de nombreuses grèves sauvages ont lieu dans tout le Nord du pays, cette forte opposition déclarée à la nouvelle ligne de collaboration de classes des syndicats, semble céder de plus en plus le pas à une indifférence, qui se manifeste concrètement par un grand recours à l’absentéisme et aux congés maladie pendant les grèves. Dit autrement, de nombreux ouvriers, surtout chez les jeunes passent de la grève active à la grève passive.

On se trouve à un tournant. Le fil rouge est en train de se tendre entre les luttes ouvrières de 1969 et un autre type de luttes, celles de 1977.

 

Notes

683 – Cf. « Les Untorelli », Recherches, no 30, 1977, p. 96.

684 – Alors qu’en France le mouvement est quasi inexistant et prend la forme récriminatrice des associations d’usagers. Il faudra attendre les années quatre-vingt-dix pour que, à l’initiative des mouvements de chômeurs et de certains groupes libertaires, le problème de la gratuité soit posé.

685 – Littéralement, « pendulaires ». Cela désigne les travailleurs itinérants victimes de la métropolisation. Certains d’entre eux parcourent 200 km aller-retour par jour pour se rendre sur leurs lieux de travail.

686 – Le CUB de l’atm était en rapport avec d’autres comités ouvriers de Milan et organisait le transport gratuit des habitants.

687 – Cf. Grèves d’usagers, op. cit. p. 93-96.

688 – Alors que les groupes léninistes, en bons marxistes, ont tendance à justifier ces pratiques en termes de réappropriation de plus-value, Negri les justifie en tant que récupération directe des valeurs d’usage en dehors de l’échange marchand. La force de travail productrice étant de plus en plus collective, la réappropriation dépasse maintenant le cadre des seuls producteurs de plus-value au sens strict. Et on pourrait rajouter que ce n’est pas parce que les jeunes prolétaires précaires connaissent les théories de Negri qu’ils les ont mises en pratique, mais parce qu’à un certain moment, certaines idées sont dans toutes les têtes comme disaient les situationnistes.

689 – Il y a là une volonté de maintenir la centralité du travail et de l’usine dans le processus, de contrôler une dérive populiste et gauchiste.

690 – À Pordenone, dans le Frioul-Vénétie julienne, aux usines Zanessi, là où les conseils d’usines n’ont pu empêcher que les ouvriers se prononcent pour les réductions, la CGIL enverra Lama, son secrétaire général, pour prêcher le calme (source : Grèves d’usagers… op. cit., p. 114).

691 – En pleine restructuration d’Alfasud, alors que le patronat a proposé un accord sur la mise en place des 3x8 contre une embauche de 1500 ouvriers, accord refusé par les ouvriers, la CGIL n’hésite pas à faire manifester les chômeurs contre les ouvriers.

692 – Pratique consistant à se mettre en congé maladie les jours de grève syndicale bureaucratique.